Comment adapter une bande dessinée en jeu vidéo ? 

Adapter une bande dessinée en jeu vidéo est un exercice complexe : il ne s’agit pas seulement de transposer des images en mouvement, mais de recréer un univers interactif qui reste fidèle à l’œuvre originale tout en offrant une expérience ludique. C’est le défi qu’ont relevé les étudiants du Master 2 Jeu Vidéo de l’école 3iS Paris, en travaillant sur l’adaptation de Toxic Dump Planet, une BD post-apocalyptique signée Tom, qui a reçu le premier prix au Festival Digital Games des Hauts-de-Seine 2025.  

Un univers graphique à respecter… et à réinventer 

La première étape dans l’adaptation consiste à s’approprier le style visuel de la bande dessinée. Toxic Dump Planet possède une identité forte, avec ses tons vifs, ses formes caricaturales et son atmosphère radioactive. « J’ai créé c’est une BD en autoédition c’est du postapocalyptique, de l’humour, et de l’aventure. On va suivre ce petit personnage qui s’appelle Ash qui est un farfouilleur et du coup on va le voir évoluer dans ce qu’on appelle les terres hostiles. », explique Tom, créateur de Toxic Dump Planet. 

Pour les étudiants, il était essentiel de préserver cet ADN graphique tout en le rendant lisible et fluide dans un gameplay 2D. « On voulait que le jeu ressemble vraiment à une BD en mouvement », raconte l’un des membres de l’équipe artistique. 

Le défi était double : rester fidèle aux planches originales, tout en assurant une animation fluide, cohérente et optimisée pour le moteur de jeu. Pour cela, les artistes ont travaillé sur des palettes réduites, des effets de trames typiques de la BD, et l’ajout d’onomatopées animées pendant les combats et les interactions

Repenser la narration : de la linéarité à l’interactivité 

La BD suit une trame fixe ; le jeu, lui, doit offrir des choix, des interactions et une progression plus libre. Cela a obligé les scénaristes du projet à revoir la structure narrative en profondeur. 

« On a dû repenser la narration pour la rendre plus organique, que le joueur fasse ses propres choix et découvre l’histoire à son rythme », confie une étudiante. 

Le scénario a donc été réécrit en modules, permettant au joueur d’explorer les zones de manière semi-linéaire, avec des dialogues adaptables selon les actions entreprises. Ce processus d’adaptation nécessite un réel travail de déconstruction puis de reconstruction de l’histoire, en s’appuyant sur les arcs narratifs principaux tout en y intégrant de nouvelles mécaniques. 

« Quand ils ont commencé à travailler sur l’adaptation du Tome 1 de ma BD, il y avait le Tome 2 qui venait de sortir. Le fait de travailler sur un nouvel univers m’a fait repenser le tome 3 qui est plus un code qu’une BD narrative. Je me suis dit qu’il fallait que je puisse répondre aux futures questions donc j’ai essayé d’avoir un train d’avance sur eux en anticipant les actions. » détaille Tom. 

Créer un gameplay cohérent avec l’univers 

Pour transformer l’univers satirique et délirant de Toxic Dump Planet en jeu, les développeurs ont opté pour une formule plateforme/aventure en 2D, mêlant exploration, action et puzzles. Le personnage principal, Ash, évolue dans des décors inspirés directement des cases de la BD, affrontant des ennemis grotesques, résolvant des énigmes liées aux déchets toxiques et récupérant des objets-clés. 

« Clip Studio Paint nous a permis de pouvoir construire l’animation en image par image. Et c’est la direction que nous avons voulu prendre pour notre jeu car nous souhaitions avoir un rendu dessin animé. », explique Yael, étudiante artiste designer. 

Ce gameplay permet de créer un lien tangible entre les actions du joueur et l’univers graphique : chaque saut, chaque interaction prolonge l’ambiance visuelle de la BD, tout en la rendant vivante. 

Une collaboration essentielle avec l’auteur 

Tom a été impliqué dans toutes les phases du développement. Cette proximité a permis de garantir l’authenticité du ton et de l’univers, tout en laissant une certaine liberté aux étudiants. 

« A chaque fois que je venais dans ce qu’ils appellent les Milestones, des présentations pour voir l’évolution de leur travail, c’était génial car je voyais mon personnage prendre vie. Et ils m’ont mis la manette entre les mains, soudain, je me suis retrouvé à jouer mon personnage !». 

Ce travail collaboratif est essentiel : adapter une œuvre, ce n’est pas la recopier, mais en traduire les intentions dans un autre langage, celui du jeu vidéo. 

Un modèle d’adaptation transmedia 

Le projet Toxic Dump Planet prouve qu’une adaptation réussie repose sur trois piliers : respect de l’œuvre originale, créativité dans le gameplay, et dialogue constant avec l’auteur. Grâce à un travail rigoureux, les étudiants de 3iS ont su transformer une bande dessinée en expérience interactive immersive, drôle et fidèle. 

Adapter une BD en jeu vidéo n’est pas une simple opération technique : c’est une rencontre entre deux langages artistiques, nécessitant vision, écoute et innovation. Un défi stimulant que ces jeunes créateurs ont relevé avec brio. 

Retrouvez ici toute l’oeuvre de Toxic Dumo Planet par Tom, son créateur : https://ko-fi.com/nemesysprod/shop

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