L’enregistrement d’une guitare acoustique est une étape essentielle dans de nombreux projets audio : chanson folk, maquette pop, ambiance instrumentale, voire habillage sonore. Pour un futur ingénieur du son, il est fondamental de savoir capturer la richesse de cet instrument tout en gardant un rendu clair, équilibré et naturel.
On vous propose les meilleures techniques à connaître pour savoir comment enregistrer une guitare acoustique, avec des explications accessibles pour obtenir des résultats dignes d’un studio.
Comprendre le comportement acoustique de la guitare
Avant même de parler de micro ou de réglages, il est essentiel de comprendre comment la guitare produit le son. Celui-ci ne sort pas uniquement de la rosace : il se diffuse depuis toute la caisse, avec des zones riches en basses, d’autres en médiums ou en brillance.
Par exemple :
- La rosace donne des basses puissantes, mais parfois trop présentes.
- Le manche (autour de la 12e frette) est une source de détails et d’harmoniques aiguës.
- Le chevalet est souvent un bon compromis, riche et équilibré.
En connaissant ces zones, on peut mieux choisir l’orientation du ou des microphones.
Préparer l’environnement : le rôle crucial de la pièce

La pièce dans laquelle on enregistre influe énormément sur le rendu final. Une bonne guitare mal enregistrée dans une pièce résonnante peut vite sonner « amateur ».
Astuces :
- Choisissez une pièce relativement sèche (évitez les pièces avec beaucoup de surfaces dures et réfléchissantes).
- Si vous n’avez pas de traitement acoustique, improvisez : rideaux épais, couettes, tapis, bibliothèques remplies…
- Isolez la pièce des bruits parasites (frigo, ventilation, circulation extérieure).
- Une prise acoustique réussie commence par un environnement sonore neutre.
Choisir le bon micro
Le micro est le lien direct entre l’instrument et votre système d’enregistrement. Il faut donc un modèle capable de restituer les subtilités de la guitare acoustique.
Les micros à condensateur sont généralement préférés pour leur sensibilité et leur réponse en fréquence étendue. On distingue :
- Les petits diaphragmes : plus précis, ils captent bien les détails et les attaques (parfaits pour une guitare brillante ou pour un jeu en fingerpicking).
- Les grands diaphragmes : plus ronds, plus doux, bons pour une ambiance plus chaleureuse.
Évitez les micros dynamiques classiques (type SM57) pour une prise solo de guitare acoustique : ils manquent souvent de finesse.
Placement du micro : le facteur clé

Un bon placement du micro peut faire toute la différence. Trop près de la rosace ? Son étouffé et trop boomy. Trop près du manche ? Trop fin ou agressif.
Position de base recommandée :
- Micro placé à 30–40 cm de la guitare.
- Dirigé vers la jonction entre la rosace et le manche (environ la 12e frette).
- Légèrement incliné selon le rendu souhaité : vers le chevalet pour plus de rondeur, vers le manche pour plus de clarté.
Astuce : testez plusieurs positions en enregistrant de courts extraits. Vos oreilles vous guideront mieux que n’importe quelle règle.
Les techniques stéréo
Pour un rendu plus riche, plus enveloppant, vous pouvez opter pour une prise stéréo, surtout en contexte solo ou acoustique.
Quelques techniques accessibles :
XY : deux micros cardioïdes placés en angle (90°), capsules proches. Bonne compatibilité mono, image serrée.
AB : deux micros parallèles, espacés de 30 à 50 cm. Plus large, mais attention à la phase.
Mid/Side : un cardioïde vers la guitare, un bidirectionnel perpendiculaire. Permet de doser l’ouverture stéréo après la prise.
Choisissez une technique en fonction de votre espace, du style musical, et du rôle de la guitare dans le mix.
Gérer les niveaux et les préamplis
Un bon niveau d’enregistrement est essentiel : ni trop faible (bruit de fond), ni trop fort (distorsion numérique).
Cible idéale :
Des crêtes autour de -6 dBFS, sans jamais atteindre 0 dBFS.
Votre interface ou enregistreur doit fournir une alimentation fantôme (48V) si vous utilisez un micro à condensateur. Certains préamplis colorent le son : c’est parfois souhaitable (ex : pour donner de la chaleur), mais il faut le maîtriser.
Réduction du bruit : attention aux détails
La guitare acoustique est un instrument sensible. Tout bruit parasite s’entendra : chaise qui grince, frottement de manche, souffle ambiant…
Quelques conseils simples :
- Choisissez une chaise stable et évitez les mouvements inutiles.
- Utilisez des vêtements silencieux (pas de fermeture éclair ni de bijou).
- Désactivez les notifications d’ordi ou de téléphone pendant l’enregistrement.
Chaque détail compte : plus la prise est propre, moins il y aura besoin de traitement après.
Traitement minimal mais réfléchi
L’objectif est de capturer un son déjà bon à la source. Le traitement doit rester subtil.
EQ : Atténuer légèrement les basses inutiles (<80 Hz), corriger les médiums trop encombrants, et ajouter un peu d’air dans les aigus si besoin.
Compression : légère, surtout pour homogénéiser les attaques. Ne pas trop écraser la dynamique naturelle.
Reverb : facultative, mais une courte reverb de type “chambre” ou “plaque” peut aider à donner de la profondeur.
Testez vos traitements sur des enceintes et au casque, pour vérifier la clarté sur tous les supports.
Savoir enregistrer une guitare acoustique avec un son propre et professionnel n’est pas une question de matériel haut de gamme, mais de maîtrise des bases : bon placement, bonne pièce, bonnes pratiques.
Prenez le temps de tester, d’écouter et d’ajuster. La prise parfaite est rarement obtenue du premier coup, mais chaque essai vous rapproche de la qualité recherchée.