Qu’est-ce que l’étalonnage au cinéma ?

Lorsque vous regardez un film, vous êtes avant tout captivé par l’histoire, le jeu des acteurs et la mise en scène. Mais il existe un autre élément, souvent invisible au premier regard, qui influence profondément vos émotions et la manière dont vous percevez chaque scène : la couleur. Derrière cette dimension visuelle se cache une étape essentielle de la postproduction : l’étalonnage. Découvrez ce qu’est l’étalonnage au cinéma, son rôle, ses outils et les compétences nécessaires pour en maîtriser les subtilités.

L’étalonnage, une étape clé de la postproduction

Après le tournage d’un film, l’image brute captée par la caméra n’est pas toujours flatteuse. La lumière peut varier d’un plan à l’autre, certaines couleurs peuvent sembler ternes ou déséquilibrées, et l’ambiance visuelle imaginée par le réalisateur n’est pas encore visible à l’écran. C’est ici qu’intervient l’étalonnage (ou color granding en anglais).

Ce terme désigne le processus de correction et de stylisation des couleurs dans une œuvre audiovisuelle. Il ne s’agit pas seulement d’un ajustement technique destiné à harmoniser les images, mais d’un véritable travail artistique qui participe à l’identité visuelle d’un film.

Concrètement, l’étalonneur ou la personne en charge de cette étape ajuste la luminosité, le contraste, la saturation et la balance des couleurs de chaque plan. L’objectif est double : assurer la cohérence d’ensemble et donner une intention esthétique précise.

Correction colorimétrique et étalonnage : deux étapes distinctes

Il est important de distinguer la correction colorimétrique de l’étalonnage créatif.

  • La correction colorimétrique est la première étape. Elle consiste à uniformiser les plans afin d’éliminer les défauts techniques liés au tournage : différences d’exposition, de température de couleur ou de teinte de peau. Le but est d’obtenir une base neutre et homogène.
  • L’étalonnage intervient ensuite. L’étalonneur apporte une intention artistique : rendre l’image plus chaude pour créer une atmosphère intime, accentuer les contrastes pour un thriller, ou au contraire désaturer certaines couleurs pour donner un ton plus mélancolique.

Ces deux dimensions sont complémentaires. Sans correction, l’étalonnage perdrait en efficacité ; sans étalonnage, l’image resterait plate et impersonnelle.

Un langage visuel au service de l’émotion

L’étalonnage ne se résume pas à rendre une image “jolie”. Il contribue à la narration en guidant l’attention du spectateur et en suscitant des émotions.

Prenons quelques exemples :

  • Dans un film d’action, des couleurs froides et métalliques accentuent souvent la tension.
  • Dans une comédie romantique, des tons chauds et lumineux évoquent la légèreté et la tendresse.
  • Dans un film de science-fiction, des teintes verdâtres ou bleutées peuvent créer une impression de futur dystopique.

Vous l’avez sans doute remarqué dans certains films : une dominante chromatique devient la signature visuelle de l’œuvre. Pensez à l’univers jaunâtre de Breaking Bad ou aux bleus glacés de Drive. Ces choix ne sont jamais anodins : ils renforcent la cohérence de l’univers et plongent le spectateur dans une atmosphère unique.

Les outils de l’étalonneur

Aujourd’hui, l’étalonnage se réalise principalement à l’aide de logiciels spécialisés. Parmi les plus utilisés dans l’industrie figurent DaVinci Resolve, Adobe Premiere Pro (via Lumetri Color) ou encore Avid Media Composer.

Ces logiciels offrent une multitude de réglages précis, tels que :

  • Les courbes pour ajuster la luminosité et le contraste.
  • Les roues chromatiques (color wheels) permettant de modifier les tons sombres, moyens et clairs.
  • Les LUTs (Look-Up Tables), sortes de filtres préenregistrés qui appliquent instantanément une ambiance colorimétrique particulière.
  • Des outils de suivi et de masquage pour corriger ou styliser uniquement une partie de l’image.

L’étalonnage ne se limite pas au domaine numérique : il s’appuie aussi sur des références artistiques, des moodboards ou des indications données par le directeur de la photographie et le réalisateur.

Compétences et sensibilité de l’étalonneur

Être un bon étalonneur, ce n’est pas seulement maîtriser un logiciel. Cela demande un œil exercé, une grande sensibilité artistique et une solide culture visuelle.

Un étalonneur doit savoir :

  • Comprendre les intentions du réalisateur et les traduire en langage visuel.
  • Analyser la lumière et la couleur avec précision.
  • Travailler avec rigueur pour maintenir une cohérence sur des centaines de plans.
  • Collaborer étroitement avec les autres membres de l’équipe de postproduction.

C’est un métier où la technique et l’art se rejoignent, et où la patience est de mise. Passer plusieurs heures sur quelques secondes de film n’est pas rare.

Pourquoi l’étalonnage est-il si important pour vous, futurs professionnels ?

Si vous envisagez une carrière dans le cinéma ou l’audiovisuel, comprendre l’étalonnage est indispensable. Même si vous ne devenez pas étalonneur, connaître les bases vous permettra de mieux préparer vos tournages.

Par exemple, si vous êtes réalisateur·rice, vous pourrez dialoguer plus efficacement avec l’étalonneur et anticiper vos choix esthétiques dès l’écriture du scénario. Si vous êtes directeur·rice de la photographie, vous saurez comment tourner vos images pour offrir une plus grande latitude à l’étalonnage.

Dans un secteur où l’image est reine, la maîtrise de la couleur est un atout majeur pour donner du caractère à vos projets et vous démarquer dans vos futures réalisations.

Découvrez les formations de notre école de cinéma et d’audiovisuel :