Quel est le rôle de l’intelligence artificielle (IA) dans le processus de création d’un jeu vidéo ou d’un film ? L’IA est-elle un obstacle à la créativité, ou permet-elle au contraire d’alimenter les métiers créatifs ? À termes, y’aurait-il même un risque qu’elle remplace nos métiers ?
C’est autant de questions auxquelles a répondu à Xavier Tual, directeur artistique et réalisateur chez Microids (éditeur et créateur français de jeu vidéo).
Invité à échanger sur l’impact de l’IA dans les métiers créatifs, notamment dans le jeu vidéo, il nous a partagé un point de vue plutôt positif, en tant que professionnel vivant cette révolution.
L’IA au service de la création des jeux vidéo
Le jeu vidéo est un environnement où l’attente des joueurs est de plus en plus exigeante en termes d’immersion et de réalisme. Dans ce contexte, l’intelligence artificielle s’est démocratisée comme outil à intégrer au processus créatif.
Au cœur du jeu, elle permet de reproduire des réactions quasi humaines sur des personnages non-joueurs. En production, l’intelligence artificielle intervient comme un assistant venant libérer les équipes créatives de tâches confortables et chronophages.
Pour les équipes artistiques, elle permet :
- de produire un panel d’images sur la base de caractéristiques fournies par le créatif. Celles-ci permettent notamment d’aller défendre des idées auprès des game directors
- d’intervenir comme une aide à l’écriture du scénario. En poussant le créatif dans ses retranchements, elle lui apporte notamment de nouvelles idées
Pour les équipes techniques, l’IA peut intervenir sur :
- La correction de code informatique
- le bêta-test des jeux en attribuant à l’intelligence artificielle les caractéristiques d’un joueur lambda. En testant les différentes trajectoires pour accéder à un menu, l’IA permet de dégager des tendances de jeu
L’IA pour accroître la créativité
Xavier Tual nous rappelle que l’intelligence artificielle ne reste qu’un outil dont l’utilisation nécessite d’être formé. De bons résultats via l’IA passent obligatoirement par une requête bien définie et ciblée.
Dans la perspective d’un travail collaboratif, l’intelligence artificielle s’éduque et doit être nourrie, mais surtout corrigée. Sans de bonnes bases d’écriture ou de scénario ni une solide culture générale, il est impossible de la challenger ni d’obtenir un dialogue intéressant.
Alors que l’IA ne se nourrit que de prédictions, l’avenir du créatif tient dans sa capacité à sortir des sentiers battus. Si l’intelligence artificielle permet de créer des images, elle ne peut cependant pas se soustraire à des bases académiques (notions d’anatomie, des perspectives, de l’agencement, etc.)
La puissance de l’intelligence artificielle pour les métiers du jeu vidéo tient donc dans la capacité des créatifs à entretenir un dialogue avec elle. Pour que l’outil atteigne des résultats plus intéressants que ce qui existe déjà, l’utilisateur doit nécessairement avoir de la culture et un oeil critique.
Une opportunité plus qu’une menace
Pour conclure son intervention, Xavier Tual ouvre sur toutes les perspectives d’innovation que promet l’IA pour les jeux vidéo.
En termes d’emplois, la balance pourrait trouver son équilibre à l’échelle mondiale. D’après lui, beaucoup de compétences françaises pourraient partir à l’étranger, attirées par des entreprises ou des studios capables de se réinventer plus rapidement.
À travers un discours rassurant, il insiste auprès de nos étudiants sur la chance qu’ils ont de vivre l’émergence de cet outil pour se l’approprier, plutôt que de le subir.
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